L’Argentine s’efforce de désamorcer les tensions avec la France

Les Echos | 25 janvier 2018

L’Argentine s’efforce de désamorcer les tensions avec la France

par Aude Villiers-Moriamé

De visite à Paris, le président argentin Mauricio Macri va plaider pour l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, espérant déjouer les réticences du secteur agricole français.

L’Argentine assumant la présidence temporaire du G20, Mauricio Macri a trouvé à Davos une tribune privilégiée pour mener son opération séduction auprès des grandes puissances économiques : « Nous avons réorganisé notre économie. Aujourd’hui, l’Argentine est sur la bonne voie. » En moins d’une semaine, le président libéral a enchaîné les rencontres de haut niveau : Vladimir Poutine, Angela Merkel, Justin Trudeau... Mais son dernier entretien, ce vendredi à l’Elysée, s’annonce plus délicat.

Car les motifs de tension entre Emmanuel Macron et Mauricio Macri ont été nombreux ces derniers mois. À commencer par l’épineuse question de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, le Marché commun du Sud. Les Argentins avaient bon espoir - après tout de même vingt ans de négociations - de le conclure en décembre dernier , lors de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Buenos Aires. Mais les discussions continuent d’achopper sur plusieurs points, notamment sur la question du secteur agricole européen, que le président français a à coeur de ménager.

« Macron a un discours intenable sur le long terme, car il défend le libre-échange tout en se montrant très réticent à signer cet accord avec le Mercosur », estime Francisco de Santibañes, spécialiste des relations internationales au CARI, think tank basé à Buenos Aires. Le gouvernement argentin veut se présenter comme l’interlocuteur privilégié de l’Union européenne dans ce processus de négociations - qui doivent reprendre la semaine prochaine - et espère parvenir à un accord définitif avant la mi-2018.

Plan de remboursement

Autre sujet sensible que les deux présidents devraient aborder ce vendredi : la dette historique de l’Argentine auprès de Engie (ex-Suez). Mauricio Macri s’était déjà engagé auprès de François Hollande, sans donner suite, à rembourser les 380 millions de dollars dus à Engie suite à la nationalisation , en 2006, de Aguas Argentinas, l’entreprise qui assurait la distribution de l’eau à Buenos Aires. En signe de bonne volonté, le président argentin compte présenter à son homologue français un plan de remboursement.

Enfin, Mauricio Macri et Emmanuel Macron devraient rouvrir les discussions concernant la vente avortée de quatre patrouilleurs français de Naval Group. Un contrat de 360 millions d’euros que l’Argentine avait suspendu à la dernière minute l’an dernier, peu après que la France avait manifesté son opposition à la réouverture du marché européen au biodiesel argentin.

En échange, « l’Argentine voudrait obtenir l’appui de la France dans sa candidature d’adhésion à l’OCDE, ainsi que des promesses d’investissements », selon Francisco de Santibañes. Investissements dont l’Argentine a grandement besoin pour compenser son important déficit public (3,9 % du PIB en 2017) et son rythme d’endettement effréné : 121 milliards de dollars de dette ont été contractés depuis l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri en décembre 2015.

source: Les Echos